Shit ou weed ? Résine ou fleur ? THC ou CBD ? Entre les potes qui jurent que "le shit était mieux avant", ceux qui ne fument que de la "beuh bien propre" et les nouveaux venus qui vantent les bienfaits du CBD, le débat ressemble à une session de brouillard collectif.
Mais derrière les clichés de fin de soirée et les mythes tenaces, une vraie question de fond se pose : que contient vraiment ce que tu consommes ? Effet planant ou relaxant, naturel ou trafiqué, légal ou illégale, la plante de cannabis a bien plus de nuances que ce que la rue raconte.
Pour remettre un peu d’ordre et savoir ce qu’il y a au bout du joint… sans te faire enfumer, nous démêlons le vrai du le faux et dévoilons ce que personne ne t’a jamais dit.
Shit, weed, résine, fleur : les formes de la plante de cannabis passées au crible
Quand on parle de cannabis, c’est souvent la confusion générale. Tout le monde a son mot à dire, mais peu savent vraiment de quoi il s’agit. Entre shit et weed, lequel choisir ? C’est la même plante mais pas du tout la même histoire.
La weed : la fleur de cannabis comme référence
La weed – ou beuh pour les plus roots – désigne tout simplement la fleur séchée du plant de cannabis. Elle est récoltée, séchée, parfois manucurée, puis consommée telle quelle. Elle conserve son aspect végétal des têtes en passant par les pistils et les trichomes, les petites glandes résineuses sur les fleurs, et un profil aromatique riche grâce aux terpènes.
C’est la forme “brute” du cannabis. On y retrouve le taux naturel de cannabinoïdes comme le THC, le CBD ou le CBG, sans transformation chimique post-production.
Le Shit : la résine de marijuana compressée aux multiples visages
Le shit correspond à la résine de cannabis, obtenue à partir des trichomes, qui sont extraits puis compressés en blocs. Cela donne une matière plus grasse ou friable, de couleur brune, noire, parfois verte.
Historiquement, la résine vient du Maroc, d’Afghanistan ou du Liban mais aujourd’hui, le marché noir a évolué. Certaines résines sont coupées avec tout et n’importe quoi. Résultat ? Des produits très concentrés en THC ou au contraire ultra dilués avec des agents douteux.
Une plante, mille noms : pourquoi c’est si flou ?
La confusion vient souvent du langage. Cannabis, weed, shit, marijuana, haschich, beuh, ganja, herbe… c’est comme si chaque milieu avait son vocabulaire. Et en plus, le CBD et le THC sont venus brouiller les cartes : on peut aujourd’hui trouver de la weed au CBD, voire du shit CBD – légal dans certains pays, à condition de respecter les taux.
En clair, ce n’est pas le produit qui change mais la partie de la plante qu’on utilise et la manière de la transformer.
Le THC et le CBD : ce que leurs molécules disent vraiment
Dans le monde du cannabis, deux acronymes font toute la différence entre le THC et le CBD. Ces molécules sont les principaux cannabinoïdes présents dans la plante et elles n’ont ni les mêmes effets, ni le même cadre légal. Alors avant de choisir entre shit ou weed, il faut d’abord comprendre ce que tu choisis vraiment : une molécule psychoactive ou une molécule apaisante ?
Le THC : la molécule qui fait planer
Le THC, ou tétrahydrocannabinol, est la star des années 70, celle qu’on associe aux effets planants du cannabis. Il se fixe sur les récepteurs du cerveau [1] et provoque une altération de la perception, une sensation d’euphorie ou d’anxiété selon les dosages, la personne, et la situation.
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Le THC est illégal dans de nombreux pays, notamment en France, sauf dans certains cas médicaux bien encadrés.
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Les taux dans le shit ou la weed issus du marché noir sont souvent élevés, voire surdosés, ce qui peut renforcer les effets secondaires.
Attention : un taux élevé de THC ne signifie pas forcément "meilleur produit". Parfois, c’est même l’inverse.
Le CBD : la molécule qui apaise (sans faire planer)
Le CBD (cannabidiol) contrairement à son cousin, le THC, n’a pas d’effet psychoactif. Il interagit avec le système endocannabinoïde [1] pour produire des effets relaxants, sans altérer la conscience. C’est pourquoi il est autorisé dans de nombreux pays, tant que le produit final contient moins de 0,3 % de THC (en France).
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Le CBD se trouve aussi bien dans la weed (fleur de cannabis) que dans certaines résines.
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Il est largement utilisé dans des produits bien-être : huiles, infusions, cosmétiques, etc.
Conclusion ? Le CBD est légal, le THC ne l’est pas (en général). Et pourtant, les deux viennent de la même plante.
Shit ou weed au CBD : ça existe ?
Oui. De plus en plus de marques proposent des résines et des fleurs au CBD, pour répondre à la demande d’un produit légal, apaisant et contrôlé. Ces produits imitent l’apparence et l’odeur du cannabis THC, sans en avoir les effets.
Mais attention : certains produits sont mal étiquetés, voire trafiqués. Il faut privilégier les fournisseurs transparents, capables de fournir des analyses en laboratoire (certificats COA).
Taux de THC et de CBD : entre légalité, ressenti et confusion
Les taux de THC (tétrahydrocannabinol) et de CBD (cannabidiol) sont au cœur de la compréhension du cannabis, car ce sont eux qui déterminent à la fois ses effets et sa légalité.
Sur le marché noir, les taux de THC dans la weed ou le shit ont fortement augmenté ces dernières décennies, atteignant souvent 15 à 25 % pour les fleurs, voire 30 % pour certaines résines concentrées, résultat d’une recherche d’effets puissants mais aussi d’un marché sans contrôle, où la coupe avec d’autres substances est fréquente.
À l’opposé, les fleurs de CBD vendues légalement proviennent de variétés de chanvre autorisées, avec un taux de THC inférieur à 0,3 % en France (jusqu’à 1 % dans certains pays) et un taux de CBD variant entre 4 et 18 %. Elles ne provoquent pas d’effet psychotrope mais peuvent offrir une relaxation douce, dans un cadre réglementaire clair et avec une traçabilité souvent bien établie.
Cette différence flagrante de composition montre à quel point les effets ressentis comme la légalité dépendent directement du profil cannabinoïde du produit.
Qu'est-ce que vous fumez vraiment ?
Qu’on parle de weed ou de shit, avec ou sans THC, une chose est sûre : tous les produits ne se valent pas. Et ce que vous fumez n’est pas toujours ce que vous croyez. Entre marché noir, boutiques de CBD, promesses marketing et arnaques bien emballées, il est temps de faire le tri.
Le shit du marché noir : un cocktail incertain
Commençons par le plus opaque : le shit illégal. Cette résine, souvent vendue dans la rue, est rarement pure. Elle peut contenir des restes de solvants, des agents de coupe douteux comme de la cire, de la colle, du henné, du plastique ou encore de la paraffine. Ainsi, les taux de THC qui varient du simple au triple.
Résultat :
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Une expérience imprévisible d’un lot à l’autre
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Des risques pour la santé, pas forcément liés au cannabis, mais aux substances ajoutées
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Aucune traçabilité, aucun contrôle qualité, juste la loi du plus rentable
En clair, c’est la loterie… mais avec un briquet.
La weed légale : plus propre, mais pas toujours plus claire
Le marché du CBD a vu émerger un grand nombre de produits à base de fleurs et de résines "légales", vendues en boutiques ou en ligne. Ces produits doivent contenir moins de 0,3 % de THC en France (et jusqu’à 1 % en Suisse, par exemple).
Sur le papier, tout semble clair. Mais :
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Certains produits sont mal dosés ou mal étiquetés
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D’autres contiennent des cannabinoïdes de synthèse ou des terpènes artificiels ajoutés
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Le label "CBD" devient parfois un argument marketing flou, sans réel contrôle
Moralité ? Même dans le légal, tout n’est pas clean. Il faut savoir lire entre les lignes (et les certificats).
Et la culture du cannabis dans tout ça ?
Parler de weed ou de shit, c’est bien, mais encore faut-il savoir d’où vient la matière première. La culture du cannabis est aujourd’hui un sujet sensible et complexe, à la croisée de l’agriculture, de la législation et de l’écologie. D’un côté, les variétés de chanvre industriel sont cultivées légalement pour produire du CBD, des fibres ou des graines, dans un cadre souvent plus transparent et encadré. De l’autre, la culture de cannabis à fort taux de THC reste interdite dans la plupart des pays, même si certains États autorisent un usage médical ou récréatif sous conditions strictes.
Certaines cultures se font en extérieur, dans des conditions naturelles, d’autres en intérieur (indoor), avec un contrôle total de l’environnement (lumière, humidité, nutriments), ce qui permet d’optimiser les rendements mais augmente l’empreinte écologique, notamment en électricité. Le véritable problème se pose surtout pour les cultures illégales : on ignore totalement quels engrais, pesticides ou produits phytosanitaires ont été utilisés. Dans un marché sans normes, certains producteurs n’hésitent pas à utiliser des substances toxiques ou interdites, qui, une fois inhalées par combustion, peuvent présenter des risques sérieux pour la santé.
À noter : le fait de cultiver soi-même du cannabis reste illégal en France, même pour usage personnel, quel que soit le taux de THC ou de CBD. Le sujet évolue rapidement, mais la prudence reste de mise.
Peut-on acheter des graines de cannabis ?
Oui, il est possible d’acheter des graines de cannabis, y compris en France, mais leur statut juridique est subtil. La vente et la possession de graines ne sont pas interdites, tant qu’elles sont destinées à la collection, à l’étude botanique ou à un usage non germinatif. C’est pourquoi certains sites ou boutiques spécialisées en proposent en toute légalité, souvent accompagnées de la mention “réservé à un usage de collection”.
En revanche, faire germer ces graines pour cultiver du cannabis reste illégal, quelle que soit la teneur en THC ou en CBD de la plante, sauf autorisation spéciale (agriculteurs habilités, usages industriels ou scientifiques encadrés). Il existe aussi des graines spécifiquement sélectionnées pour produire du CBD, appelées “graines CBD” ou “graines de chanvre à usage bien-être”, mais là encore, leur culture reste strictement réglementée, voire interdite pour les particuliers.
Acheter, donc, oui. Cultiver ? Pas sans risque.

Idées reçues sur le cannabis : Vrai ou Faux ?
Internet, les potes, les réseaux sociaux, les discussions de comptoir… Le cannabis est l’un des sujets les plus riches en rumeurs et en clichés. Mais entre légendes urbaines et demi-vérités, certaines idées ont la vie dure. Il est temps de remettre un peu d’ordre dans tout ça.
"Le shit défonce plus que la weed" – Faux (ou pas toujours vrai)
C’est une phrase qu’on entend souvent : "Le shit, c’est plus fort." Historiquement, c’était parfois vrai. La résine pouvait contenir des taux de THC plus élevés que certaines herbes mal cultivées.
Mais aujourd’hui :
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La weed issue de cultures indoor ou de variétés hybrides peut dépasser les 20 % de THC, parfois beaucoup plus.
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Le shit du marché noir est souvent coupé, perdant en qualité… voire en cannabinoïdes.
Donc non, le shit ne défonce pas forcément plus. Tout dépend de la variété, de la méthode de production, et surtout de la provenance.
"Le CBD, c’est juste une arnaque" – Faux
Le CBD n’est pas un buzz marketing inventé pour vendre des tisanes. C’est une molécule bien réelle, étudiée scientifiquement pour ses effets sur le stress, le sommeil, ou encore la récupération.
Mais attention :
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Ce n’est ni un médicament, ni une potion magique
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Son efficacité varie selon les profils
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Et comme tout marché tendance, le CBD attire aussi des vendeurs peu scrupuleux
Ce n’est pas une arnaque, mais il ne faut pas acheter n’importe quoi, n’importe où.
"Tout ce qui est naturel est bon pour la santé" – Faux (et dangereux comme idée)
L’idée selon laquelle “tout ce qui est naturel est bon pour la santé” est non seulement fausse, mais aussi potentiellement dangereuse. De nombreuses substances naturelles – comme l’ammoniac, certaines moisissures ou même le plomb – sont parfaitement issues de la nature, sans pour autant être inoffensives.
Le cannabis n’échappe pas à cette règle : selon sa provenance et son mode de culture ou de transformation, il peut contenir des résidus de pesticides, des champignons issus d’un mauvais séchage, ou encore des solvants chimiques si la résine a été extraite industriellement sans précaution.
Et surtout, la combustion elle-même, qu’il s’agisse de fumer une fleur ou un morceau de résine, reste nocive pour les voies respiratoires, même si le produit est "naturel".
La qualité ne se juge donc pas à l’étiquette “bio” ou “brute”, mais à la traçabilité, aux analyses de laboratoire et à l’honnêteté du fournisseur. Naturel ne veut pas dire sans danger.
Clarifier l’usage : récréatif, bien-être ou ni l’un ni l’autre ?
Avant de parler de produit, il faut parler d’intention :
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Tu cherches à te détendre sans perdre pied ? → Le CBD peut être une option.
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Tu veux des effets psychoactifs ? → Alors tu entres sur le terrain du THC, avec les implications légales et sanitaires que ça suppose.
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Tu veux juste “essayer pour voir” ? → Pose-toi la question de pourquoi tu veux consommer, et ce que tu en attends.
La consommation n’est pas un automatisme. Elle doit répondre à un besoin réel, pas à une pression sociale ou à une mode.
Des alternatives existent : herbes bien-être, tisanes, topiques
Pas envie de fumer ? Bonne nouvelle : ce n’est pas la seule façon d’aborder l’univers du cannabis. Il existe des alternatives plus douces, plus respectueuses du corps, qui n’impliquent ni inhalation ni combustion. Les infusions au chanvre offrent une expérience relaxante par voie digestive, tandis que les huiles sublinguales permettent une absorption rapide et contrôlée des cannabinoïdes. Quant aux baumes topiques, ils s’appliquent directement sur la peau pour une action ciblée, sans passer par la circulation sanguine. Autant de façons d’explorer les bienfaits du chanvre sans allumer quoi que ce soit.
Ce qu’on retiendra vraiment
Tu l’as vu, l’univers du cannabis n’est pas binaire. Il n’y a pas le bon shit et la mauvaise weed. Il y a surtout des produits, des usages, des molécules, et énormément de flou autour de tout ça.
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Shit = résine compressée, parfois puissante, parfois trafiquée
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Weed = fleur séchée, plus naturelle dans sa forme brute
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THC = effet planant, molécule illégale dans la majorité des cas
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CBD = effet relaxant, molécule légale et encadrée
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Qualité = pas une question de forme, mais de traçabilité et de transparence
[1] Le système endocannabinoïde central, Revue Médecine/sciences, janvier 2004