Le sevrage cannabique est une étape souvent vécue comme difficile par les personnes qui veulent arrêter ou réduire leur consommation de cannabis, en particulier après une consommation de longue date. Et ce, car le sevrage s'accompagne souvent de symptômes physiques et psychiques qui traduisent la ré-adaptation de l’organisme à l’absence de THC. Comprendre ces symptômes et savoir comment les gérer est essentiel pour traverser cette période avec sérénité et retrouver un mieux-être au quotidien.
Qu’est-ce que le sevrage cannabique ?
Le sevrage cannabique désigne l’ensemble des réactions physiques et psychologiques que l’organisme peut présenter lorsqu’une consommation régulière ou excessive de cannabis est brusquement arrêtée ou fortement réduite.
Ce phénomène survient principalement chez les personnes ayant développé une dépendance au THC (tétrahydrocannabinol), la substance psychoactive majeure du cannabis.
Cette dépendance au THC peut entraîner des symptômes de sevrage sur le plan psychologique, le cerveau s'étant habitué à l’interaction régulière du THC avec ses récepteurs cannabinoïdes (notamment les récepteurs CB1, situés dans le système nerveux central) mais aussi physique.
Qu'elles soient psychologiques ou physiques, ces réactions s’expliquent par le déséquilibre temporaire du système endocannabinoïde, ce réseau de récepteurs naturels présent dans le corps, qui doit réapprendre à fonctionner de façon autonome suite à l'arrêt de l’apport en THC dans l'organisme.
Les principaux symptômes du sevrage cannabique
Les symptômes psychiques

Parmi les manifestations les plus courantes du sevrage cannabique, on retrouve l’anxiété et l’irritabilité. Des symptômes qui se traduisent la plupart du temps par une certaine nervosité et une tendance à réagir de manière exacerbée à des situations banales, parfois accompagnées de crises d'anxiété.
Les troubles de l’humeur sont également fréquents lors d’un sevrage cannabique. Des sautes d’humeur, une tristesse passagère et parfois des épisodes dépressifs peuvent survenir.
À nouveau, ces manifestations émotionnelles s'expliquent par le fait que le cerveau, jusqu'alors habitué à la stimulation artificielle du THC, doit réapprendre à produire naturellement certaines molécules comme la dopamine, le neurotransmetteur associé au plaisir et à la motivation.
Lorsqu'on consomme du cannabis, l'action du THC sur le système endocannabinoïde provoque une libération de dopamine, créant un sentiment de satisfaction et de bien-être.
À l’arrêt de la consommation, ce mécanisme artificiel disparaît, provoquant dans le cerveau un état de "manque" temporaire.
L’arrêt du cannabis peut également provoquer des troubles du sommeil, tels que des insomnies ou des rêves particulièrement intenses. Certaines personnes rapportent également la survenue de pensées intrusives ou obsessionnelles liées à l'envie de consommer du cannabis.
Les symptômes physiques

En plus des symptômes psychologiques, le sevrage cannabique peut s’accompagner de symptômes physiques.
Parmi eux, les plus fréquents sont :
- des sueurs nocturnes,
- des maux de tête,
- des troubles digestifs,
- une diminution temporaire de l'appétit,
- parfois des tremblements.
Le THC joue en effet un rôle bien connu dans la stimulation de l’appétit, le système endocannabinoïde étant, entre autres, impliqué dans la régulation de la sensation de faim et des fonctions digestives.
Combien de temps durent les symptômes liés au sevrage du cannabis ?
Les symptômes du sevrage apparaissent généralement dans les 24 à 48 heures suivant l’arrêt du cannabis, lorsque le THC commence à disparaître de l’organisme.
À ce stade, certains symptômes comme l'irritabilité, l'anxiété et les troubles du sommeil peuvent commencer à se faire ressentir.
S'ensuit la "phase aiguë" qui constitue le pic d'intensité des symptômes et qui survient la plupart du temps entre le 4ème et le 10ème jour, avec des sensations particulièrement marquées : maux de tête, sueurs, pensées obsessionnelles.
Progressivement, les symptômes vont s'atténuer sur plusieurs semaines à mesure que le système endocannabinoïde retrouve son fonctionnement naturel.
La durée et l'intensité des symptômes peut varier en fonction des individus, et en particulier de leurs habitudes de consommation.
Les consommateurs de cannabis de longue date peuvent ressentir les symptômes du sevrage pendant une durée prolongée, avec une phase aiguë pouvant durer plus de 10 jours.
L'état de santé général et les stratégies mises en place pendant la période de sevrage, comme l'accompagnement psychologique ou médical, peuvent, eux aussi, influencer la durée et l'intensité des symptômes.
Comment gérer les symptômes du sevrage ?
Il peut être utile de s'appuyer sur plusieurs approches simultanées pour soulager les symptômes du sevrage cannabique .
Pour mieux gérer l'anxiété et le stress, des pratiques comme la méditation, la respiration ou certains exercices de relation peuvent être bénéfiques. En parallèle, demander le soutien d'un proche, voire d'un psychothérapeute, est souvent recommandé pour éviter l'isolement et le repli sur soi.
De la même manière, l'adoption d'une bonne hygiène de vie en termes de sommeil, d'hydratation et d'alimentation peuvent contribuer à réduire ou à mieux supporter certains symptômes comme les maux de tête, la transpiration et les troubles digestifs.
Faire un peu d'exercice (marche, yoga, course à pied) peut être bénéfique pour stimuler la production d'endorphines, à condition de ne pas trop fatiguer le corps, surtout si les troubles du sommeil persistent.
Autres questions en lien avec le sevrage cannabique
À quel moment doit-on consulter un professionnel de santé pour un sevrage cannabique ?
Il est recommandé de consulter un professionnel de santé si les symptômes du sevrage deviennent trop intenses ou difficiles à gérer seul : anxiété sévère, troubles du sommeil persistants, pensées obsessionnelles liées à la consommation, signes de dépression…
Un professionnel pourra évaluer la situation et orienter le patient vers des solutions thérapeutiques adaptées, comme une thérapie comportementale ou un soutien médicamenteux si nécessaire.
Existe-t-il des risques psychotiques liés à un sevrage brutal du cannabis ?
Un sevrage brutal du cannabis peut, dans certains cas, être associé à des troubles psychotiques temporaires, bien que cela reste rare et principalement lié à des facteurs individuels. Ces troubles peuvent inclure des épisodes de confusion, des hallucinations ou une paranoïa.
Ces manifestations surviennent généralement chez des personnes ayant déjà une prédisposition à des troubles psychotiques, comme une schizophrénie sous-jacente, ou en cas de consommation très élevée et prolongée.
Est-il possible de réduire les symptômes de sevrage en consommant des produits comme le CBD ?
Oui, le CBD peut notamment contribuer à apaiser l’anxiété, favoriser un sommeil plus réparateur et soulager les tensions physiques grâce à ses propriétés anxiolytiques, relaxantes et anti-inflammatoires.
Contrairement au THC, le CBD n’a pas d’effet psychoactif et n’entraîne ni dépendance ni euphorie.
Cependant, il est important de souligner que le CBD ne constitue pas une solution miracle et que son efficacité peut varier selon les individus. Il est conseillé de choisir des produits de qualité, comme des huiles à spectre complet, et de commencer par un dosage modéré.
Avant d’intégrer le CBD dans une démarche de sevrage, il est conseillé de consulter un professionnel de santé, surtout si d’autres traitements médicaux sont déjà suivis.